Que notre langue est riche et belle !
"Tu le sais, bien sûr depuis longtemps,
le coq chante, cocorico,
la poule caquète,
le chien aboie quand le cheval hennit et que beugle le bœuf et meugle la vache,
l'hirondelle gazouille,
la colombe roucoule et le pinson ramage
Les moineaux piaillent,
le faisan et l'oie criaillent quand le dindon glousse
La grenouille coasse mais le corbeau croasse et la pie jacasse
Et le chat comme le tigre miaule,
l'éléphant barrit,
l'âne braie, mais le cerf rait
Le mouton bêle évidemment et bourdonne l'abeille
La biche brame quand le loup hurle.
Tu sais, bien sûr, tous ces cris-là mais sais-tu ? Sais-tu ?
Que le canard nasille – les canards nasillardent !
Que le bouc ou la chèvre chevrote
Que le hibou ulule mais que la chouette, elle, chuinte
Que le paon braille,
que l'aigle trompète
Sais-tu ?
Que si la tourterelle roucoule, le ramier caracoule et que la bécasse croule
que la perdrix cacabe,
que la cigogne craquète et que si le corbeau croasse, la corneille corbine
que le lapin glapit quand le lièvre vagit.
Tu sais tout cela ? Bien. Mais sais-tu, sais-tu ?
Que l'alouette grisole, Tu ne le savais pas.Et peut-être ne sais-tu pas davantage que le pivert picasse C'est excusable !
Ou que le sanglier grommelle, que le chameau blatère et que c'est à cause du chameau que l'on déblatère !
Tu ne sais pas non plus peut-être que la huppe pupule
Et je ne sais pas non plus si on l'appelle en Limousin la pépue parce qu'elle pupule ou parce qu'elle fait son nid avec de la chose qui pue.
Qu'importe ! Mais c'est joli : la huppe pupule !
Et encore sais-tu ? Sais-tu que la souris, la petite souris grise, devine ! La petite souris grise chicote. Avoue qu'il serait dommage d'ignorer que la souris chicote
et plus dommage encore de ne pas savoir, de ne pas savoir que le geai, que le geai cajole !
Sais-tu que la mésange zinzinule ! Comme la fauvette d'ailleurs."
"L'Albine" de Fernand Dupuy chez "Fayard".
Faire suivre sinon nous oublierons cette belle langue dont nous ne savons plus grand chose.